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La lecture-plaisir est fondamentale

Visions croisées sur une responsabilité partagée

Comme un poisson dans l'eau

L'écoute écoute l'écoute

Carnet congolais, ou retour à Djuma

Vacances, j’oublie tout ?

BIBLIA

Article d'Entrées Libres de janvier 2014 consacré aux écoles archiépiscopales de Bruxelles-Brabant (PDF)

Dernière mise à jour : 14/03/14

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Extrait de Cardan n°136 avril-mai 2010

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Extrait de Cardan n°136 avril-mai 2010

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Visions croisées sur une responsabilité partagée (extrait de Cardan)

Il y a deux ans, quelques élèves accompagnés de professeurs ont décidé de faire renaître le « Conseil des élèves ». Une nouvelle envie de se mobiliser et un soutien fort de la direction sont certainement à la base de cette renaissance. D’un commun accord et après bien des concertations, il fut décidé qu’il n’y aurait plus d’élections, afin d'accueillir les élèves volontaires et qui avaient vraiment l’envie « de faire bouger les choses » : les plus motivés. Ce qui fut le cas !

C’est là que commença la grande aventure ! Nous décidâmes que ce serait un conseil pour les élèves, par les élèves. Les professeurs ne seraient là que pour avoir un lien avec le corps professoral et pour donner des conseils si nécessaire sur la gestion de la réunion ou l’animation. Très vite, il a été décidé que le Conseil serait animé par les élèves uniquement.En effet, les débats ne sont pas « dirigés » par les professeurs mais par les coprésidents. Ce sont eux aussi qui se chargent des rapports et des contacts avec le directeur.

Les sujets qui sont discutés au sein du Conseil des élèves sont divers : nous répondons aux interpellations des élèves, nous assurons le suivi et le lien avec le Conseil de Participation, nous confectionnons avec un éducateur l’horaire des examens, nous discutons de nombreux projets comme l’aménagement de la bibliothèque, l’achat de matériel pour les élèves (horloges pour les classes, micro-ondes pour le réfectoire, …), la création d’un 2e parking à vélos, l’organisation de la journée du Conseil des élèves qui a lieu chaque année le vendredi avant les vacances de Pâques. Cette journée est organisée par le Conseil des élèves pour les élèves. Nous y organisons de grands tournois sportifs, une vente de hot dogs, des tournois de jeux de sociétés. En bref, le Conseil, c’est une grande aventure à laquelle nous, les jeunes, nous prenons part pour améliorer notre quotidien mais aussi pour mieux nous préparer à être pleinement citoyen de la société dans laquelle nous vivons.

Hugues Annoye et Pierre Vanholsbeke, pour le Conseil des élèves du LMA.

Il y a quelques semaines, l’équipe du Cardan m’a interpellé et m’a demandé ce que « Responsabiliser les jeunes » évoquait chez moi. Je venais de rencontrer des représentants du Conseil des élèves autour d’une enquête universitaire initiée par une « ancienne » sur la « participation et le management » … La discussion a fait écho chez moi !

Itinéraire d’un engagement complexe…

En fonction des élèves, des années, du soutien de l’équipe enseignante, la participation des élèves dans une structure déterminée a pris des aspects bien différents au Lycée. Parlement des élèves, Assemblée des élèves, Conseil des délégués, Conseil des élèves. Bien des noms pour évoquer des structures et des projets variés … Depuis 3 ans, des élèves se sont mobilisés autour de volontaires qui se retrouvent chaque mois. Pas simple de leur donner une vraie légitimité mais en tant que directeur, il m’est apparu très vite qu’il fallait offrir aux élèves des projets forts à construire, amenant des résultats importants mais surtout rapidement. Outre les problématiques de la vie quotidienne (lutte contre les incivilités, par exemple), j’ai donné au Conseil des élèves la responsabilité d’un regard sur la composition des horaires d’examens, sur la gestion d’un « petit » budget ouvrant à l’achat de matériel répondant aux demandes du Conseil mais aussi sur l’organisation d’une journée de fin de trimestre.

Les élèves m’interpellent … Le dialogue est ouvert !

Lors de l’élaboration des horaires d’examens, les élèves délégués sont consultés parallèlement aux professeurs. Cette mission importante -dont ils mesurent directement les effets- les obligent à être pleinement relais auprès de leurs condisciples, leur apprend aussi à entendre différentes préoccupations personnelles, à en faire la synthèse, à la défendre au Conseil.

Une fois par an, la semaine qui précède les vacances de Pâques, le Conseil des élèves assure aussi la responsabilité de la journée du Conseil des élèves : fini l’uniforme ! Le Lycée revêt des couleurs de fêtes : musique, odeur de hot dogs, de bonbons, tournois sportifs et jeux de société… Exposition, dégustation des produits du J’M Oxfam. Tous les élèves participent et sont pris en charge ! L’inscription modeste alimente un fonds destiné à soutenir un projet solidaire en Afrique mais aussi la caisse du Conseil. Cette organisation complexe mobilise pleinement les élèves !

Quel bonheur pour eux de recevoir pareille liberté mais aussi quelle responsabilité face aux regards parfois critiques des adultes ou des autres élèves ! Chaque année, une évaluation fine est faite, des améliorations sont proposées. Depuis 3 ans, le succès est assuré ! La journée magnifique, la fierté des élèves au rendez-vous !

L’occasion est belle, pour moi, de remercier ici tous les élèves qui s’engagent pour faire vivre au Lycée Maria Assumpta, l’exigence, la rigueur mais aussi la convivialité, valeurs essentielles du Lycée depuis sa création ! Un grand merci aussi aux professeurs qui soutiennent les élèves et les aident discrètement à structurer leurs projets, à être là tout simplement, présence rassurante et forte.

La participation des élèves, nous la souhaitons tous …
Quelle joie de la voir vivre au quotidien !

Luc Zomers, directeur.

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Comme un poisson dans l'eau (extrait d' Entrées libres d'octobre 2009)

Sachant qu'un homme respire 20 litres d'air par minute en surface et que la pression sous l'eau augmente d'un bar tous les 10 mètres, de combien d'autonomie disposera un plongeur équipé d'une bouteille de X litres à X mètres de fond?

À première vue, voilà l'énoncé classique d'un problème mathématique qui l'est tout autant. Mais quand l'élève interrogé sait qu'il aura des palmes aux pieds et un détendeur en bouche dans l'heure qui suit,sa motivation en est quelque peu ravivée. Club Med? Initiation au métier d'homme-grenouille? Préparation d'un voyage de rhéto sous les tropiques?
Rien de tout cela! S'il s'agit bien de plongée, celle-ci occupe une place de choix dans la grille horaire des élèves de 1re S du Lycée Maria Assumpta. "L'idée de créer une option «plongée» dans le cadre cadre d'un projet GCPP (1), est née il y a 3 ans, lors d'une discussion avec le directeur sur le redoublement, explique Étienne Mayenez, professeur de latin, français et histoire. Plutôt que de donner une portion supplémentaire d'épinards à un enfant qui ne les aime pas - ce qui est un peu à l'image du redoublement -, l'idée était ici de varier le menu. en l'occurrence d'intéresser les jeunes à une activité passionnante qui les raccroche aux matières sans en avoir l'air".

Plongeur lui-même, l'enseignant a fini par gagner à sa cause des collègues plutôt sceptiques au départ. Mais comme il était important de ne pas imposer l'exercice à tous les élèves, une option "culture et projets" a également été créée en parallèle. Les élèves qui ont choisi la plongée suivent les mêmes cours que les non-doubleurs, sauf pendant 4 heures, consacrées à l'initiation en piscine en présence de trois plongeurs expérimentés et à l'étude de matières comme bio, physique, maths, français ou néerlandais en lien avec la plongée. "Tout cela a un cout non négligeable, qui ne doit pourtant pas être un obstacle pour les élèves intéressés, précise E. Mayenez. L'école apporte son aide, via le comité des fêtes notamment, et bénéficie du soutien de la Fondation Roi Baudouin et de divers sponsors. À la fin de chaque année scolaire, une réunion d'évaluation nous permet de faire le point avec les parents. Nous observons une légère augmentation du nombre d'élèves qui réussissent leur année, mais il est évidemment difficile de savoir si c'est grâce à la plongée. L'initiative fera de toute façon l'objet d'une évaluation approfondie fin juin 2010. Ce qui est sûr, c'est le changement remarqué par les parents, qui soulignent la réussite complète de l'expérience en termes d'amélioration de l'image de soi et d'accroche à l'école. Les jeunes sont plus mûrs et se prennent en charge de manière plus responsable. Le fait de devoir suivre rigoureusement les consignes de sécurité les aide à se structurer, en classe également. Les parents ayant souhaité que nous continuions à les motiver par la plongée dans la suite de leur cursus, nous avons mis en place une structure d'accompagnement en-dehors de l'horaire scolaire pour les ex-participants au projet. L'idée d'un tutorat des jeunes plongeurs par leurs ainés pourrait aussi venir compléter le dispositif".

Tentés par l'expérience? Jetez-vous à l'eau!

Marie-Noëlle Lovenfosse


(1) Gestion Collective de Projets Pluridisciplinaires

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L’écoute écoute l’écoute

Écoutes croisées au Lycée Maria Assumpta…

Genèse …

De retour de la journée des relais au Vicariat, trois membres de mon équipe se sont lancés dans ce projet un peu fou : mobiliser le Lycée autour d’un temps pour écouter ! Plusieurs professeurs ont rejoint l’équipe pour « une association momentanée autour d’un projet commun ».

Il nous paraissait évident à ce moment d’en faire un temps d’année afin de mettre chacune et chacun en projet. Une veillée de Noël en soirée ouverte à tous les membres assumptasiens fut imaginée autour de l’écoute.
Ce soir-là, 18 décembre, professeurs et élèves présents sont repartis avec un signet porteur d’un vœu, tiré au sort, invitant à une écoute plus ouverte et différente pour 2009.

Portée par cette veillée, l’équipe s’est mise à préparer dès janvier cette journée axée autour de l’écoute.

La 1re réunion fut l’occasion d’un brainstorming où toutes les idées parfois très ambitieuses ont été proposées. Très vite, l’équipe s’est mise d’accord sur trois objectifs : d’abord faire en sorte que chaque classe puisse vivre un moment de la journée centrée sur l’écoute ; veiller ensuite à ce que toutes les classes soit mobilisées et prises en charge, laisser enfin, pour tous, une trace visible des activités vécues lors de ces moments de classe. Décision fut prise aussi de postposer d’une semaine, la journée initialement prévue le mardi après le congé.

Lors de la 2e réunion, la journée fut organisée. Une troisième réunion a suffi pour envisager tous les aspects matériels, informer les professeurs et les élèves, répartir chez chaque membre de l’équipe rôles et missions pour cette journée du 10 mars. Efficacité remarquable !

Un temps pour écouter …

Mardi 10 mars, 8 h 25. Le directeur profite du moment d’intériorité hebdomadaire pour lire, à tous les élèves rassemblés dans la cour, un texte sur l’écoute, invitation à mieux entendre Dieu.

La montée des rangs se fait plus que jamais dans le silence. Dans les couloirs, des fils ont été tendus : y sont accrochées des citations sur l’écoute ! Au studio des profs, un grand tableau rappelle la classe que chaque enseignant s’est engagé à animer volontairement. Du matériel a aussi été disposé afin de faciliter des animations qui seront proposées un moment de cette journée dans toutes les classes : chansons, textes, travail avec des magazines, jeux, …

Dans les classes, les questions fusent : qu’est-ce que l’écoute ? Comment doit-on écouter ? Qui peut écouter ? Peut-on tout dire ? Peut-on tout écouter ? Qu’est ce qu’une écoute active ?

La voie de l’écoute, chemin difficile car écouter c’est d’abord se taire, faire silence pour mieux écouter l’autre, ce qu’il dit, mais aussi ce qu’il ne dit pas avec des mots… La journée est bien lancée ! Le thème est porteur, les élèves et les enseignants mobilisés.

L’équipe organisatrice a tout prévu : chaque classe a reçu une feuille A3 de couleur différente en fonction de l’année et du degré avec pour mission d’illustrer librement le résultat du travail collectif réalisé dans chaque classe. Un énorme patchwork se construit au fur et à mesure de la journée et embellit le hall d’entrée du Lycée. Entre acrostiches écrits par des élèves de 3e, des conseils sur l’écoute donnés par des élèves de 6e ou de 1re, des slogans imaginés par des classes de 4e, des extraits de chansons, un recueil de citations, une charte de classe où l’écoute est mise en avant, un pêle-mêle illustré de dizaines d’oreilles nous invite encore à l’écoute !

Fin de journée …

L’objectif est atteint ! La joie se lit dans les regards de l’équipe organisatrice. Pari fou vraiment, mais défi palpitant et tellement essentiel dans ce monde d’aujourd’hui : l’écoute écoute l’écoute ! A leur- manière, élèves, professeurs, éducateurs ont pu le mesurer.

Chacune et chacun peut repartir maintenant habité et différent : comme l’a joliment écrit Christian Bobin « Ce qui est dit n’est jamais entendu tel que c’est dit. Une fois que l’on est persuadé de cela, on peut aller en paix dans la parole. Sans plus de souci d’être bien ou mal entendu, sans plus d’autre souci que de tenir sa parole au plus près de sa vie ».

Luc Zomers, directeur du Lycée Maria Assumpta.

« Un temps pour écouter » au Lycée Maria Assumpta

Ce mardi 10 mars, en arrivant au Lycée, j’ai une petite boule dans le ventre (la routine est rompue, je ne vais pas donner mon cours d’anglais traditionnel) et une immense curiosité concernant ce qui va se vivre dans mes deux classes de rhétos où j’ai choisi d’animer « un temps pour écouter » : les élèves vont-ils adhérer à l’activité ? allons-nous vivre quelque chose de vrai ? Petit suspense, mais au fond de moi, j’y crois déjà, je crois en eux.

Ce sont deux classes où j’aime entrer, les élèves m’accueillent positivement et ont déjà reculé les bancs et formé un grand cercle avec les chaises : « Que va-t-on faire, Madame ? » Tout doux, me dis-je, qu’allez-vous faire ?, n’attendez pas trop de moi, c’est vous qui allez animer ce moment…

Nous démarrons avec la lecture du texte « Essayons de se comprendre » et enchaînons directement avec un moment de repli sur soi, de réflexion, de recueillement sur un fond de musique « Pensées positives et bruits de la nature – du monde marin ».

Les élèves entrent dans ce moment à deux pieds : personne ne chuchote, ce moment d’arrêt dans leur journée, cette pause imposée, ils semblent la savourer… On a éteint les lumières, fermé quelques tentures pour rendre l’ambiance plus intime… Je lance quelques pistes : l’écoute a-t-elle une place dans ma vie ? quand est-ce que je ne me sens pas / suis pas senti écouté ? le silence me fait-il du bien ? qu’est-ce qu’écouter pour moi… Certains élèves pensent, d’autres couchent leurs idées sur papier.

Ensuite, je propose une seconde lecture : « Retrouver le sens et le goût du silence » de Guy Gilbert. Les élèves choisissent eux-mêmes de réagir au texte, ils échangent leurs idées, … L’ambiance de sérénité a envahi le moment. Ils s’écoutent, ne s’interrompent pas, parlent à voix basse… Je ressens un immense respect pour l’autre, une vraie écoute… Ils me diront ultérieurement comme s’arrêter une heure parmi huit heures de cours pour s’écouter et faire silence leur a fait du bien, à trois mois de leur départ du lycée… Le moment fut chargé d’émotions pour certains.

Nous repassons à un moment de silence sur musique et les élèves réfléchissent à ce qu’ils voudraient encore dire à la classe. Certains ferment les yeux, d’autres ne cessent d’écrire…

Dernier échange d’idées… toujours très calmement… Dommage que la sonnerie retentisse déjà, deux fois cinquante minutes auraient été plus appropriées… Les élèves baillent, s’étirent, sourient… comme revenus d’ailleurs…

En tant qu’animatrice, comme je m’y attendais, je n’ai pas dû beaucoup animer, ni intervenir… Les élèves ont rendu eux-mêmes le moment intense et ont plus vécu entre eux en tant que groupe-classe qu’avec moi. C’était agréable, ils se parlaient, ils ne me parlaient pas. Ils se disaient des valeurs, des constatations, des observations, des expériences… Voici quelques paroles ou questionnements d’élèves lors de ce temps pour écouter : - « Le silence est-il embarrassant ? » - « Comme il est précieux de savourer la présence de l’autre en silence… » - « Ecouter la nature, le matin au réveil, le plus beau moment de la journée » - « Ecouter la montre. Quand toute la classe est unie dans le silence, tous n’entendent plus que la montre, le tic-tac de l’horloge au mur, alors, ils se sentent bien, calmes et savourent ce moment « d’être ensemble ». - « On s’enferme parfois dans un silence qui fait tant de bien » - « Trop parler, c’est la peur du silence » - « Observer en silence, tu peux vraiment voir qui est l’autre quand il se tait » - « Pas besoin de parler pour s’exprimer » - « Ecouter le rien, j’aime cela » - « Ecouter, c’est d’abord savoir se taire » - « L’écoute est la découverte de l’humilité » - « Pas de silence, pas de paix intérieure » - « Au lieu de juste entendre l’autre, prends le temps de l’écouter »

Enfin, on réfléchit à mettre sur papier ce qu’on aimerait retenir de ce moment, on l’inscrit sur une feuille de couleur qui ira s’ajouter aux affiches des autres classes.

Opération réussie, objectif plus qu’atteint : les élèves se sont écoutés… Ils me disent merci ; moi aussi je les remercie pour ce vrai moment.

Catherine Hugé, professeur d’anglais-néerlandais au Lycée Maria Assumpta.

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Vacances, j’oublie tout ? (extrait de Cardan de juillet 2011)

Il y a quelques jours, les responsables rédactionnels du Cardan m’ont demandé d’écrire quelques lignes sur la manière dont le directeur vivait ses vacances, autre temps privilégié d’ouverture à l’intériorité et à l’éducation… Voilà bien un sujet quelque peu « people » et de saison à l’heure où le Festival de Cannes se clôture et où seules les vraies vedettes suscitent la curiosité des lecteurs qui vont démarrer leur transhumance estivale… L’incertitude m’envahit, le directeur si drôle ou créatif soit-il, n’est en aucune manière une vedette…people ! Le sujet mérite réflexion…

La nuit porte conseil, dit-on !

« Monsieur le directeur, le professeur de néerlandais sera absent jusqu’à la fin du trimestre »… Monsieur le directeur, les élèves de 2e sont sans professeur »… « Que doit-on répondre ? »… « Que pensez-vous de… », « Pourra-t-on accueillir cette famille en septembre ? … » La lumière du soleil, le grillon des cigales me réveillent ! Ah, ce sont les vacances ! Sorte de prière simple, je démarre toujours mes journées en pensant à ceux que je vais rencontrer ; je les termine en pensant à ceux que j’ai rencontrés, personne n’est oublié ! Le regard de mes enfants me ramène vite à une autre réalité, sereine et douce. Mes vacances, c’est d’abord le temps de vivre autrement ces regards à rencontrer ! C’est aussi plonger dans les livres qui se sont entrouverts tout au long de l’année : certains ont été entamés, d’autres terminés. Des pages cornées rappellent des passages à partager, à noter ou à conserver. D’autres livres sont là, à découvrir, conseillés par des collègues, des amis, mon épouse ; le bonheur simple de partir à la découverte des mots, des pensées d’un autre. Mes vacances, c’est aussi prendre le temps qui a manqué durant l’année pour voir les amis, pour partager un repas, pour faire une escapade culturelle, pour marcher, pour vivre des moments d’exception avec ceux qui partagent mon quotidien et pour lesquels je n’ai pas toujours l’esprit assez disponible. « Ne regardez pas l’ordinaire de manière ordinaire », nous rappelle si bien Dogen, Maître penseur du XIe siècle. Que nos vacances soient cette occasion de croiser nos ordinaires, de donner à chacune et à chacun de les découvrir et de les partager dans ce qu’ils ont d’extraordinaire ! Loin des paillettes et du strass, bonnes vacances à vous et belle vacance !


Luc Zomers, Directeur du Lycée Maria Assumpta

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BIBLIA

‘Le Livre se livre,
Et je livre le Livre.
Je délivre le Livre,
Et le Livre me délivre…’

Pour fêter ses dix ans d’existence, l’Unité Pastorale de Laeken-est a jalonné le parcours 2013-2014 de quelques événements à vivre ensemble. A l’inverse de bien des habitudes, nous ne voulions pas faire un bilan, nous glorifier de nos propres réussites. Il nous semblait plus important de rêver à demain. Comme nous cherchions des activités d’ouverture et de rencontre, l’invitation de l’équipe vicariale a retenu notre attention : pourrions-nous aller vers demain Bible en mains ?

Le Livre se livre

La bible en images ; une bible en cadeau de mariage ; une bible pour enfant ; une bible (réduite) en cadeau pour la profession de foi… Ce Livre dont des pages arrachées sont lues la semaine ou le dimanche selon des plans liturgiques… Ce livre dont des versets sont cités, abusés, torturés, violés même, comme justification d’un discours ou d’une prise de position… Ce livre-repère qui permet le jugement sans recours dans la sentence : ‘C’est (ou ce n’est pas) évangélique !’ … Ce livre qui a conduit au bûcher ou à la haine viscérale des croyants s’en revendiquant … Depuis qu’il y eu (sous David, 900 ans aCn) une écriture, la Parole, l’oralité, est tombée sous la plume des scribes parce qu’il ne fallait pas oublier, parce qu’on ne voulait pas perdre ce que certains chantaient comme la découverte, la libération, la solution finale qu’il faudrait se transmettre de génération en génération. Ils ont voulu, ils ont permis, ces scribes, l’acte de faire mémoire, d’accéder par l’écrit au Commencement d’une histoire d’Alliance et d’en pressentir l’aboutissement ! Merci au Livre d’avoir su résister à tous les outrages commis en son nom, puisqu’il n’arrête pas de se livrer. Il est lui-même victime de son propos et s’abandonne au bon vouloir de qui le prend en mains.

Je livre le Livre

Ce cadeau reçu un jour, sous sa forme complète ou incomplète ; ces lettres couchées sur papier et retraduites maintes fois et donc trahies dans leur propos ; ce papier Bible souillé avec le temps par le gras des doigts à force d’avoir été feuilleté… celui-là même, il nous est donc proposer de le prendre en mains, de le montrer, de le livrer à notre tour.
Avant nous, les auteurs de l’exposition BIBLIA l’ont fait. Des 71e sections livresques de la Bible (version catholique), ils ont retenu 18 séquences ramenées à un ou deux versets pour réanimer des illustrations, des œuvres d’artistes qui, depuis longtemps, avaient été émus ou touchés par tel ou tel récit. Et ils nous en ont livré le résultat… Dieu ! Que c’est beau ! L’église du Christ-Roi n’est plus un bunker blanc : elle prend vie et couleurs, elle devient le lieu d’une histoire croyante ; elle rejoint le passé pour aller vers demain. Bien des visiteurs adultes en ont eu plein la vue et le cœur…
Mais en plus ! Des membres de nos communautés, après une belle soirée d’information par l’équipe d’organisation, se sont emparés du Livre, qui prenait poussière dans un coin de bibliothèque, pour le livrer à nos visiteurs : les classes de première du Lycée Maria Assumpta. Chacun, à sa manière, a préparé cette expérience de transmission : retrouver ce qu’il allait mettre dans les mains de qui viendrait à sa rencontre pendant son heure de garde. Rien qu’à ce stade de l’expérience, il y a eu du positif : la redécouverte d’un trésor caché dans un chant… ou dans un champ… ou dans un banc ?

Je délivre le Livre

C’est le moment, c’est l’instant. Comment vais-je être accueilli ? Il y a des ados qui vont découvrir ce lieu insolite qu’est pour eux le ‘voisin d’en face’ (avec son auvent bien pratique en cas de pluie ou pour une petite ‘sèche’ à l’abri des regards). Il parait qu’on y prie, que certains s’y tapent la messe mais voici que ce lieu s’offre pour la découverte de l’insolite. Le ‘paroissien’ qui accueille le ‘lycéen’ va se mettre à son écoute parce qu’il lui aura demandé d’ouvrir les yeux. Il lui dira qu’il y a, en lui aussi, un déjà-là, un espace intérieur, un jardin d’Eden qu’il peut redécouvrir… en se laissant faire. Le paroissien tentateur n’a pas de dessein caché. Il ne veut pas faire miroiter un fruit défendu…il n’a pas, lui non plus, la connaissance absolue de ce qui est bien ou mal pour l’ado devant lui. Il n’a pas pour mission de raisonner l’héritage mais de laisser résonner -et reprendre couleurs- d’anciens mots déposés au hasard du catéchisme et des cours de religion. Délivrer de la poussière et de l’oubli ce que le temps présent, avec sa hâte, ses besoins, ses urgences, considérerait comme fatuité, vanité, stupidité… Révéler la trace d’une origine, d’un divin gêne, et rappeler le regard ému de Dieu au premier jour et d’en redire le premier mot : ‘Tout cela, (donc toi, donc moi !) tout cela est bel et bon !
’ Alléluia ! Si ce n’est que cela n’a pas réussi chaque fois ; qu’il y a eu des rencontres qui ont fait ‘flop’ parce que l’enseignant accompagnant n’encadrait pas la démarche ; parce que pour beaucoup la Bible est un mot sans contenu ; parce que la tradition d’un récit de biens faits s’est perdue (surtout chez les cathos)… Pourtant, au décompte de la semaine, c’est la joie qui domine. Nous les vieux, les croulants, les ringards, les croyants-encore-un-peu, nous nous sommes rendus disponibles à vous les jeunes, les vivants, les adultes-en-devenir, les sceptiques, les désabusés… sans aucun autre désir que de vous accueillir gracieusement. Acte gratuit : nous ne saurons pas comment, en classe, vous aurez apprécié notre délivrance.
Alléluia ! Pour les mots d’enfants ! ‘Moi, Madame, j’aime les deux mains sur le rond ! On dirait Dieu qui prend dans ses mains la Terre qui commence !’ Tous ont gardé dans les yeux l’image du calme de Daniel dans la fosse aux lions (ce que nous aurions peut-être cru être en tombant dans les mains d’enfants déchaînés !). Gratuité encore puisqu’il n’y a eu qu’à recevoir et quand l’heure sonne (elle arrive très vite) c’est la fin de notre délivrance avec un goût de trop peu.

Le Livre me délivre

Nous avions peur. Nous n’étions pas prêts. Ce serait difficile. Et tout s’est bien passé. L’expérience de livrer avec le cœur un peu de ce qui nous fait vivre nous a délivrés de la peur. Premier pas pour un premier oui à l’incroyable force de la transmission. Nous ne sommes pas une religion du Livre parce que notre histoire croyante personnelle est à faire au jour le jour : elle n’est pas déjà écrite et il n’y a, dans l’ensemble des Livres, aucune réponse aux questions actuelles de rationalité et d’efficience. Cependant, il y a bien une transmission, de main en main ou de tête à cœur, car le Dieu qui a laissé sa Parole être prise au piège du papier est capable de la relever, de la ressusciter, par la bouche et les gestes de qui la met en œuvre. Vive le bonheur de croire autant en Dieu qu’à l’histoire croyante qui nous l’a livré ! Autre est celui qui sème, autre est celui qui moissonne, que ce soit blé ou ivraie.

Marc Scheerens.

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