Hommage à toi, l’Artiste …
En 2012, l’Atelier nous avait proposé de (re)découvrir « Lebensraum » écrit en 1996 par le dramaturge américain le plus joué en France, Israël Horovitz. A une invitation lancée à l’entame de la pièce par un Chancelier de la République aux juifs du monde entier à venir vivre en Allemagne, en leur offrant travail et citoyenneté, ce conte nous a montré les multiples réactions possibles ainsi que leurs interconnections. De haines anciennes se sont alors réveillées et ont provoqué des catastrophes en chaîne...
Vous l’avez découvert, il s’agissait d’une œuvre singulière pour un auteur particulier au ton incisif, tendre et cruel à la fois ; un texte maniant l’humour noir et ancré dans la réalité de l’auteur. Tout ce qui fait l’actualité et son quotidien habitent les textes d’Israël Horovitz.
Sur scène, nos élèves se sont succédé et ont donné vie à près de 50 personnages passant de l’un à l’autre par un geste, une intonation, une posture, le jeu de la lumière, un accessoire souvent symbolique… En pensant à tous ces visages, en voyant les élèves répéter, j’avais l’envie de les remercier encore pour toutes les heures passées à travailler autour de ce texte. Que d’enthousiasme, que de détermination vous avez, chacune et chacun, développé. Vous êtes arrivés à donner vie à cette comédie grinçante ; vous avez pu mettre en avant l’humanisme de l’auteur. Vous nous donnez à réfléchir ! Il me vient à me rappeler vos premiers jours au Lycée, votre désinvolture, votre stress, votre envie de bien faire. Je vous regarde aujourd’hui fouler la scène avec assurance et fierté… Vous incarnez tellement bien ce que nous avons tant rêvé pour vous ! A votre manière, vous transmettez les valeurs qui sont les nôtres : vous invitez les plus jeunes à donner le meilleur d’eux. Grandiose, les Artistes !
Impossible aussi pour moi de ne pas associer à la pièce, Laure, trop tôt disparue. Fidèle à elle-même, avec sa personnalité riche et engagée, Laure avait choisi d’assurer un rôle clé. Pas simple pour la troupe de vivre son départ, de poursuivre le travail, de reprendre le rôle. Madame Derauw, notre metteur en scène, a pu trouver les mots justes, montrer que derrière un possible sentiment de culpabilité, à côté des doutes ou des questions à jamais sans réponse, chaque élève acteur pouvait surtout témoigner à leur amie qu’au-delà de la séparation, le lien demeure à jamais. Laure, dans le regard de chaque acteur présent sur scène nous pourrons sentir ta présence ! Au travers du rire de tes amis, avec leurs mots déposés, au travers d’un coin de sourire ou de larmes vite camouflées, je sais que tu as accompagné chacun dans son travail de comédien ! Etonnamment, le passé devient présent … Tu es là au cœur de ce spectacle ! Hommage à toi l’Artiste !
A vous Madame Derauw, je voulais encore témoigner ma gratitude et mon admiration : cette année encore, vous avez mis en scène ce spectacle avec beaucoup de créativité ! Dans un tourbillon de séquences rythmées vous avez osé l’alternance des décors et des personnages ; vous avez fait avancer ce groupe de jeunes malgré les difficultés rencontrées ; vous avez pu leur faire découvrir des richesses parfois inexplorées, vous avez su leur montrer l’importance de se dépasser et de construire ensemble. Vos acteurs se démultiplient de manière magistrale, sans temps mort, ils se donnent ; ces jeunes sont vifs et brillants ! Pour en avoir parlé avec vous, pas simple d’évoquer la responsabilité, le sentiment de culpabilité, la mémoire ! Vous avez conduit votre troupe à titiller nos consciences, à nous faire rire et à nous faire frissonner aussi. Merci pour tant d’instants d’intense émotion ! Avec vous et nos élèves, je suis à nouveau sous le choc d’un théâtre qui touche profondément ! Bravo et du fond du cœur, merci l’Artiste !
Luc Zomers